20/05/21

Le SNPPsy a été fondé il y a 40 ans par des praticiens soucieux de structurer la profession émergente de psychothérapeute, conçue comme une profession relationnelle où le savoir être est aussi important que le savoir faire du praticien.

La psychothérapie relationnelle est née d’une certaine vision anthropologique, celle de la croyance dans la liberté et dans la responsabilité de l’être humain.

Nous affirmons que chacun.e possède en lui/elle des capacités de changement et d’adaptation qu’il/elle peut mettre en œuvre s’il/elle le choisit.

Cette vision s’oppose à la tendance que suit la société depuis plusieurs décennies dans nos démocraties occidentales où ce n’est plus l’humain qui est mis au centre, mais sous la poussée de l’ultralibéralisme, la rentabilité, les chiffres, le profit à court terme.

Ce n’est plus la confiance en l’humain qui règne mais la défiance en l’humain, d’où ce désir de contrôle démesuré qui a envahi nos vies et qui est facilité par la révolution numérique .

Dans les hôpitaux, la recherche de la rentabilité et la rémunération à l’acte ont ôté le pouvoir des mains des médecins pour le donner aux comptables et aux technocrates….

La loi sur la psychothérapie, qui date d’il y a une décennie, a été élaborée en ne tenant aucun compte des avis des représentants de la profession (dont faisait partie le SNPPsy). Pas d’obligation pour les futurs psychothérapeutes de faire un travail sur eux où d’être en supervision, seul l’enseignement théorique a été pris en compte .

Actuellement seules sont visibles les thérapies cognitivo comportementales et les thérapies à protocole, faciles à évaluer, faciles à faire rentrer dans des cases. La psychanalyse seule thérapie relationnelle reconnue est attaquée de toutes parts .

Ce désir de contrôle absolu se fait au dépend de l’humain, de sa santé physique et psychique. Il se fait au profit d’un certain nombre de puissances commerciales et politiques.

C’est dans ce contexte que l’état s’attaque maintenant à une profession qui bénéficiait jusqu’à présent d’une certaine autonomie, celle des psychologues, en proposant la création d’un « ordre de psychologues  » . Cette loi élaborée sans consultation de la profession ( comme c’est devenu une habitude maintenant ) est un outil qui ne pourra que renforcer le contrôle de l’état dont le but est manifestement d’en faire une profession soumise aux prescriptions médicales ( cela a commencé par des séances sur ordonnance remboursées à des tarifs bradés).

Le SNPPsy est solidaire des nombreux psychologues qui s’opposent à ce projet .

En nous élevant contre ce projet de loi, nous sommes conscients d’être à contre-courant du processus mondial de standardisation en marche depuis plusieurs décennies .

Oui, nous avons à lutter contre ce puissant courant de déshumanisation et de normalisation de la société. Nous avons à nous élever contre cette évolution qui va à l’inverse de la vie et de la santé physique et psychique des personnes.

La dégradation du système de santé, guidée par des motifs de contrôle et de rentabilité à court terme, qu’il s’agisse du soin physique ou psychique, ne peut plus être nié.

Cependant, dans les pires moments de l’épidémie il y a un an, nous avons vu les médecins et les personnels reprendre le pouvoir dans leur service avec pour résultat une efficacité optimale ; les soignants travailler sans compter leurs heures et sans contre parties, avec un grand dévouement, ceci parce qu’ils étaient du côté de la vie.

Nous avons vu dans la société civile la créativité faire fi des protocoles, et de nombreux bénévoles fabriquer et distribuer des masques alors que l’état avait failli à sa mission.

Quant la nécessité est là, les humains trouvent des ressources pour y faire face, pourvu que la possibilité leur en soit donnée.

Nous avons besoin de « remettre de l’humain dans la machine » et de reconsidérer la place du sujet ( unique et complexe ) si nous voulons éviter la catastrophe sanitaire qui est en marche concernant la santé physique et psychique de nos contemporains .