Syndicat National des Praticiens en Psychothérapie Relationnelle et Psychanalyse

Dans ce contexte de violence généralisée, qui gangrène nos sociétés contemporaines, un des aspects de cette violence  faîte au sujet, et qui, en qualité de praticien de la psychothérapie relationnelle et de la psychanalyse  doit nous interroger, est cette  évolution vers l’émergence de la pensée unique.

Jean François Kahn déjà dans les années 1990 a été l’un des premiers à identifier ce phénomène.

Aujourd’hui, force est de constater, que nous nous sommes bien éloignés du concept de dialectique, introduit par Hegel à savoir : « Analyser la réalité, en mettant en évidence les contradictions de celle-ci, tout en cherchant à les dépasser, et s’opposer ainsi à une pensée rhétorique qui se traduit par un discours Monologique « . Edgar Morin, un des précurseurs de ce qu’il est convenu d’appeler « la pensée complexe » nous a encouragé à développer une méthode qui ne serait pas un principe unitaire de toute connaissance. Cette méthode permet de laisser émerger une pensée complexe, qui  ne se réduit ni à la science, ni à la philosophie, mais qui au contraire, permet leur intercommunication à travers des boucles dialogiques et ainsi facilite le déploiement de cette pensée complexe. Nous parlerons alors d’une pensée qui relie, c’est le sens le plus profond du terme « complexus »(ce qui est tissé ensemble).

A l’opposé, se trouve le mode de pensée traditionnelle,qui découpe les champs de connaissance dans les différentes disciplines et les compartimente. A son contraire, la pensée complexe est un mode de reliance. Elle est donc contre l’isolement des objets de connaissances, elle les restitue dans leur contexte et si possible dans la globalité dont ils font partie. Ce dialogique précédemment évoqué,permet de relier des thèmes antagonistes,qui semblaient parfois à la limite contradictoires . Cela signifie que deux logiques, deux principes, peuvent s’unir sans que la dualité se perde dans cette unité, d’où l’idée de « unidualite ». Le sujet serait alors un être unidual, à la fois totalement biologique et totalement culturel. L’important serait le dépassement des alternatives, ou bien l’unité ou bien la multiplicité. La dialogique est la complémentarité des antagonismes qui trouve sa filiation dans la dialectique et aussi sa source profonde dans la pensée contradictoire d’Heroclite.

A l’inverse, que constatons-nous dans cette pensée unique qui nous est imposée dans nos cercles professionnels et familiaux, ainsi que dans les médias et les réseaux sociaux? Nous assistons au développement d’un certain type de structure mentale et de pensée, qui contrôle  dans un sens monolithique, réducteur et qui amène vers un impossible dialogue entre des thèses antagonistes , et dans l’impossible d’une réflexion dialogique. Cette pensée unique nous enferme toujours dans des alternatives mutilantes et violentes. Au nom de cette croyance, cette pensée unique s’ étaye sur une illusion, qui consiste à faire croire, que les positions contradictoires ne peuvent être envisagées que d’une façon univoque, à partir d’un seul point de vue. C’est l’illusion de la prétention à l’indépassabilité. La pensée unique se prétend détentrice de la vérité, voire de la réalité. C’est aussi l’illusion du réalisme qui prétend connaître le réel, voire le contrôler. Illusion d’autant plus profonde et réductrice, face à la réalité qui n’est pas rationalisable . La prétention de la pensée unique à l’adaptation forcée, qui plus est, aux réalités actuelles  du monde, est quelque chose d’infiniment peu réaliste, devant tous les processus de transformation en cours dans tous les domaines de nos sociétés.

Puissions-nous, être dans nos vies personnelles et professionnelles, les gardiens de cette pensée complexe qui devrait nous orienter au quotidien.