Chères consœurs et chers confrères,

Cette catastrophe sanitaire que nous venons de vivre peut ne pas être un désastre mais plutôt une chance de reconstruire et se construire dans la perspective d’une société différente de celle que nous connaissons à ce jour. Pouvons-nous profiter de la crise pour créer un monde dans lequel le sujet pourrait s’incarner et se reconnaître ? Préférer « l’homme être » de Pascal à « l’homme machine » de Descartes.

Placer l’altérité comme point d’ancrage de nos vies et de nos interrelations. « Sans altérité un cerveau ne fonctionne pas. Un bébé que l’on nourrit sans lui porter attention ou sans le toucher va se laisser mourir. » Soyons les acteurs de ces liens via la reconnaissance de « l’autre » dans sa différence ethnique, sociale, culturelle ou religieuse… de « l’autre » comme un sujet unique et original. Placer l’altérité comme pilier de notre quotidien ainsi que nous le rappelle Boris Cyrulnik.

Notre posture naturelle, c’est la relation, à l’opposé de la violence, qu’elle soit psychique, sociétale, politique, géopolitique voire violence administrative comme la nomme Hannah Arendt. Cette violence ne peut que générer des régimes totalitaires. « Durant la construction de l’humanité, on s’est calqué sur la brutalité virile en érotisant la violence et en la rendant héroïque » expose Xavier Emmanuelli. Boris Cyrulnik nous enseigne encore que cette forme d’héroïsme-là est un signe de pathologie sociale et que quand un peuple a besoin de ce type de héros, c’est qu’il a besoin d’être réparé d’une humiliation qu’il est incapable de transcender sur le plan symbolique.

Il en est de la responsabilité de nos dirigeants mais aussi de notre responsabilité individuelle et collective de contribuer, par nos engagements et actions individuelles et collectives, à développer une société où performance et violence laisseraient la place à une société de soutien et d’alliance. Il en va de notre survie ! Renoncer à ce « toujours plus » et lui préférer le mieux-être. Le petit pays du bout du monde qu’est le Bhoutan – petit par sa superficie mais grand par sa vision de l’humain – a d’ailleurs fait du mieux-être un indicateur essentiel de la société en instaurant « le bonheur national brut ».

Alors une utopie me direz-vous ? Ou plutôt, pour nous praticiens de la relation, un magnifique défi qui nous attend. À nous de nous en saisir au quotidien dans nos régions, dans nos sociétés savantes, dans nos organisations professionnelles et politiques, dans notre vie sociale. Orientons-nous vers ce but, sortons de nos cabinets feutrés, affirmons-nous, confrontons-nous et devenons des acteurs incontournables de ce combat. C’est également une des missions essentielles que s’est donnée votre syndicat pour cette année qui débute : initier cette action et vous soutenir.

Permettez-moi, au nom du conseil d’administration et en mon nom personnel, de vous souhaiter le meilleur pour cette nouvelle année, dans la joie, la paix et la sérénité.

Pierre Zobel, président du syndicat

Janvier 2022

voeux-pierre-zobel-2022